Le 9 fĂ©vrier prochain, nous votons pour pĂ©naliser lâhomophobie. Ainsi, si cette loi acceptĂ©e, les propos et actes homophobes et biphobes publics seront illĂ©gaux et condamnables par la loi.
Pensez, quand vous rentrerez ce soir dans vos foyers, Ă votre enfant. Peu importe son Ăąge, il est possible quâil soit homosexuel ou bisexuel; vous nâavez aucun rĂŽle Ă jouer dans ce fait et dans la dĂ©couverte de lâattirance de votre enfant, pas plus que lui/elle nâaura choisi ses sentiments. Par contre, tĂŽt ou tard, votre enfant va faire face Ă la sociĂ©tĂ© avec cette rĂ©alitĂ©. Et ce sera difficile.
HĂ©las, je ne connais aucune personne homosexuelle qui nâait pas subi, une fois dans sa vie, la consĂ©quence dâactes homophobes plus ou moins avouĂ©s. Ă lâĂ©cole, on entend beaucoup lâinsulte de «pĂ©dé»; dans le monde du travail, on est jugĂ© en regard de son orientation sexuelle; dans la rue, on est regardĂ© si lâon tient la main de son copain ou sa copine. Et des agressions verbales et physiques, il y en a dans la famille et dans la rue. Souvent, dâailleurs, Ă lâabri des regards.
Repensez Ă votre enfant, en rentrant ce soir chez vous. Une potentielle victime de stĂ©rĂ©otypes ou dâagressions et qui lira, aujourdâhui ou plus tard dans sa vie, que lâon veut interdire lâhomophobie⊠Imaginez le soulagement! Cela ne va pas stopper dâun coup toute forme dâhomophobie, mais elle sera considĂ©rĂ©e comme injustifiĂ©e et injustifiable.
JusquâĂ ce jour, elle est non seulement acceptĂ©e mais a des consĂ©quences, au regard du taux de suicide des personnes homosexuelles et bisexuelles, 2 Ă 5 fois plus Ă©levĂ© que pour les hĂ©tĂ©rosexuels. Je suis persuadĂ© quâune telle loi peut aider un enfant ou un adolescent Ă se sentir mieux dans sa peau en cas de doutes, et Ă se sentir plus en sĂ©curitĂ© quâil nâa pu lâĂȘtre jusquâĂ aujourdâhui.
Alors nâoubliez pas, en rentrant chez vous ce soir, que votre enfant vous Ă©coute vous et la sociĂ©tĂ© qui lâentoure. Il ou elle attend que vous vous dĂ©barrassiez de vos prĂ©jugĂ©s et vos stĂ©rĂ©otypes, a besoin que vous lui posiez la question «As-tu une copine ou copain en ce moment?» et que vous apportiez votre soutien Ă la construction de son identité⊠mais a aussi et surtout besoin que vous votiez OUI Ă la pĂ©nalisation de lâhomophobie le 9 fĂ©vrier prochain. Câest un acte symbolique mais pas seulement; il sera utile lorsquâil faudra rappeler aux homophobes que leurs propos ne sont plus considĂ©rĂ©s comme normaux et acceptables, quâils blessent et tuent, et quâils peuvent ĂȘtre condamnĂ©s pour ça.
Et si votre enfant nâest pas homosexuel, ce sera le cas dâun voisin, dâun ami, dâun cousin, dâun proche. Il y a des gens Ă protĂ©ger contre la haine tout autour de nous. Alors nâoubliez pas de voter, pour tous ces enfants qui nous Ă©coutent et prennent exemple sur le comportement des adultes qui les entourent. Ces enfants vous seront reconnaissants. Suivant leur Ăąge, peut-ĂȘtre que certains vous demanderont dans quelques annĂ©es: «Dis, quâas-tu votĂ© en 2020 lorsque les Suisses se sont prononcĂ©s sur la pĂ©nalisation de lâhomophobie?»
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